ARC 2020 Las Palmas-Antigua
En italique: Le petit cahier d'Edouard.
Préparatifs …
Lundi 9 novembre
Passage devant la sécurité de l'ARC. Tout est prêt … En principe.
Finalement :
Le plus important : on nous demande de changer les lampes des gilets de sauvetage. Bien qu'elles aient été toutes vérifiées, la date de validité est passée.
On nous demande de mettre des parachutes (drogues) sur les bouées couronnes, plus quelques "réflectives tapes".
On nous demande de rajouter une "throwing line" en plus de celle déjà à poste, équipée d'une lampe et de réflective tape … ????
Un passage chez "Rol Nautic" et tout est rapidement OK !
Mardi 10 novembre
Rol Nautic nous remet en place notre Hydro-générateur avec son régulateur, qu'ils ont reçu de Watt&Sea.
L'après-midi, une courte sortie en mer valide son fonctionnement (enfin!) correct.
Mercredi 11 novembre
Mise en place du grand pavois … Dans l'ordre. Le pavillon de la marine Bretonne est hissé sur la drisse de trinquette
Jeudi 12
Démonstration de sauvetage par hélicoptère … Suis pas sûr que cela soit très utile au milieu de l'Atlantique mais cela fait le spectacle …
Vendredi 13 (!)
On commence les courses au marché central:
La cabine d'Edouard, dégagée de l'outillage, est prête !
On récupère Edouard à l'aéroport (après 10 mois de séparation) en début d'après-midi.
Dimanche 15
Cérémonie des drapeaux : un peu triste par rapport aux festivités de 2014 !
L'après-midi, on continue les courses en réservant la livraison au "Corte Inglès" :
Edouard et Jonas mettent au point un programme qui va nous permettre de récupérer les positions de tous les concurrents dans Max-sea toutes les 4 heures. Le tout comprimé à mort !
Mercredi 18 novembre
RV pour passer le test PCR …
Jeudi 19
Livraisons : Les cartons et emballages restent sur le quai ! (remplis de cafards)
Samedi 21 novembre
Dimanche 22 : le départ à 13h TU !
Pas beaucoup de vent au départ. Beaucoup de bateaux mettent le moteur… Pas nous.
Vent faible au départ. Beaucoup de bateaux décident déjà de tester le bon fonctionnement du vent Volvo... Pour l'instant nous avons en tête de faire cette traversée entièrement à la voile. Le vent faible nous porte lentement vers le sud de l'ile, et les éoliennes sur la côte Est défilent bien lentement. Vers le sud de l'ile le vent monte légèrement. Moins de 12 heures après le départ, notre première panne nous attend, puisque le groupe s'arrête en défaut après seulement quelques minutes: Alarme de surchauffe. On fait tourner un groupe frigo sur le convertisseur 24V-220V pour l'instant... La nuit tombante, on veille au radar et sur le pont pour d'éventuels bateaux de migrants. Jonas et moi veillons de 20H à minuit, papa et maman minuit-4H, et Fabrice et Beno 4H-8H. Les veilles se décalent de 4H chaque jour. En plein milieu de la nuit et déjà bien au large, papa et maman entendent le bruit d'un hors-bord qui semble passer bien près... Aucun feu n'est visible.
23 Novembre
Dès le petit matin, on se met à travailler sur le groupe. Démontage de l'accès et changement de l'impeller qu'on soupçonne défectueuse. Les estomacs sont encore bien fragiles, et jouer du tournevis plié à fond de cale n'est pas la mise en jambe la plus douce. (Note: Pour reset le groupe correctement afin qu'il accepte une nouvelle tentative de démarrage, il faut éteindre le gros disjoncteur placé le long du groupe à Tribord). On arrive à remplacer l'impeller et le groupe semble se remettre en route correctement. Une fois les colliers correctement serrés (je n'ose jamais les forcer suffisamment), on n'a pas de fuite d'eau de mer, et le groupe crache son eau de refroidissement avec enthousiasme. Soulagés, on commence à tout remballer... Mais le groupe s'arrête à nouveau... Cette fois pas d'alarme, mais les symptômes semblent indiquer un problème d'alimentation en fuel. On installe une poire d'amorçage après le pré-filtre pour tenter de gaver la bête... Montée avec colliers et plomberie douteuse et diamètres variables... Impossible de faire cette opération sans faire couler un peu de fuel dans la cale, afin de parfaire le tableau. Comme chacun sait, rien de tel que de bonnes odeurs de fuel pour faire passer le mal de mer. On arrive à faire redémarrer le groupe plusieurs fois, mais il s'éteint au bout de quelques minutes. Il faut se rendre à l'évidence, la pompe à gasoil (qui a mauvaise mine, il faut le reconnaître) a sans doute rendu l'âme. On pense ne pas en avoir de rechange et commençons à envisager un système de mise en pression par gravité, quand finalement une belle pompe toute neuve est retrouvée. L'accès est difficile mais on arrive à la changer, et le groupe semble enfin satisfait. Il restera discipliné pour le restant de la traversée.
Dehors, on aperçoit (Paraît-il !) la haute montagne de Tenerife. Le vent nous porte gentiment. En tombée de nuit, on s'aperçoit que l'hydro-génératrice force suffisamment pour soulever et légèrement vriller la caillebotis de la jupe arrière... Mais il suffit pour ajourd'hui !
24 Novembre
De nombreux bateaux de migrants signalés à la dérive au sud de Grande Canarie et Teneriffe.
Pour nous c'est encore plus loin, par 20°20 W et 26°N. Au delà de l'horreur d'imaginer ce qui a bien pu se passer, la peur de percuter un de ces navires en pleine nuit.
La première nuit, nuit noire, nous avions deja entendu brutalement le démarrage d'un hors bord à proximité immédiate, sans pouvoir voir quoi-que se soit…
Alors que plusieurs participants de l'ARC signalent par BLU la présence de bateaux de pêche abandonnés, nous croisons nous aussi un tel navire. Effroyable.
La scie-sauteuse est de sortie pour fabriquer une cale qui est placée en force entre le caillebotis et une lisse. La cale sera refaite et ajustée quelque fois, mais le principe est bon et suffira à tenir le restant de la traversée. On avance bien et le vent est suffisamment établi pour qu'on n'ose pas encore se lancer dans la mise en place du spi. On choisit une route assez Nord pour éviter le plein vent-arrière... Un scénario qui se répétera à plusieurs reprises. Je remarque un jeu assez important dans le support de vérin du pilote automatique... On choisit de barrer à la main pour la nuit.
25 Novembre
Le vent monte suffisamment pour qu'on décide de prendre 2 ris dans la matinée. Première tentative de réparation du support. On trouve une petite tôle d'alu qu'on tord sur un petit étau de fortune (qui finit d'ailleurs par casser) pour tenter de renforcer le support. on boulonne le support directement sur cette pièce de renfort. Je passe une bonne partie de la journée dans la soute arrière, et tout l'équipage contribue à trouver outillage et boulons divers. La cale de la jupe a disparu, on en fait une nouvelle qu'on prend soin d'amarrer cette fois ci. C'est en fin de journée que je commence à me rendre à l'évidence: mes chaussures bateau, soigneusement choisies avant mon départ de Livermore, sont très clairement une taille trop petite !
26 Novembre
Dès le petit matin, "Salpare" (autre bateau de l'ARC) apparaît par Tribord. On galère avec le spi lourd. Après plusieurs essais infructueux de sortir l'engin de sa chaussette récalcitrante, on s'aperçoit qu'un des deux bouts qui courent le long de la chaussette est cassé ou défait. Beno et Fabrice parviennent à repasser un nouveau bout dans les 30m de chaussettes en utilisant un crayon bic St James comme messager pour guider le bout. Bravo Beno pour l'idée ! Le gros bout principal en bas de la chaussette est également en mauvais état. On le remplace par un autre (trop court?) mais la bête ne coopère pas, et après une énième tentative, on s'avoue vaincus pour la journée. (Grrrr !). Salpare est par notre travers toute la journée.
27 Novembre
Spi lourd, le retour ! On commence par ouvrir la chaussette partiellement sur le pont pour vérifier l'absence de tours. On l'établit enfin avec succès vers 12H, avant de l'amener vers 16H. Vers 16h30 Beno remonte un magnifique marlin bleu, mais la bête finit par s'échapper avec hameçon et appât.
28 Novembre
On essaie pour la première fois de tangonner le génois. La voile porte plutôt bien mais il est difficile de trouver comment passer toutes les ficelles, et les filières n'arrangent rien. Difficile d'être certain que tout force correctement. On croise Minimole en fin de journée qui semble faire des manoeuvres étonnantes puisqu'on les voit faire demi-tour, cap sur les Canaries ! Ils nous appellent à la VHF pour nous confirmer que tout va bien, et qu'ils venaient de pêcher un thon.
29 Novembre
On hisse cette fois le spi 'medium'. Ca se passe plutôt bien. On fait une photo de groupe qu'on envoie plus tard par satellite. Le spi nous a bien portés toute la journée, et une fois affalé vers 20h, on se retrouve à un cap plutôt moyen, pour que les voiles portent. On empanne vers minuit.
On reçoit par satellite toutes les 4 heures un petit fichier préparé par des scripts maisons fait par Jonas et moi, qui nous donne position, cap et vitesses de l'ensemble de la flotte. Un autre script transforme l'information en un format GPX lisible dans Time Zero. On s'amuse bien. On passe une partie de l'après-midi à fabriquer des cales en bois pour soutenir le vérin du PA, qui perd parfois son Latin à cause du jeu. Les efforts sont suffisamment importants pour qu'il soit difficile de faire une réparation efficace.
30 Novembre
Tôt le matin on croise un très beau grain sur Tribord... On avance clairement vers l'Ouest ! On passe tout l'après-midi sous spi. On remarque en l'affalant que la tête de chaussette est bien fatiguée... Mi déchirée, mi décousue. Maman propose de renforcer tout ça avant la prochaine utilisation. Une belle nuit sous pleine lune nous attend.
1er Décembre
Maman passe la matinée à réparer et renforcer la chaussette du spi medium. On met le spi asymétrique à la place, mais on l'affale rapidement juste après le déjeuner, car les grains nous menacent. Le vent montre gentiment entre 20 et 30 noeuds. Grosse pluie qui dure, puis calme plat. La température s'est fortement rafraichie, et le vent revient du Nord Est. On comprendra plus tard graces aux images météo reçues par météo qu'il ne s'agit pas de grains classiques, mais de la queue d'une dépression qui nous passe au Nord.
2 Décembre
On passe tout près d'un voilier dans la matinée, mais il ne répond pas à nos appels VHF. Le matin, un temps magnifique. Le bateau file à 12 noeuds sans efforts vent de travers. Les phrases "Là c'est le nirvana", et "c'est le paradis" sont prononcées... Qu'avons-nous fait. Le vent tourne au sud puis au 200 dans l'après-midi. On se retrouve à faire du près par moment, puis le vent nous lâche complètement. On roule le foc en attendant que ça passe, les vagues viennent par l'arrière et tapent sur la jupe comme à un mauvais mouillage... On est pourtant en plein milieu de l'Atlantique.
A compter du 2 décembre, le vent nous lâche. Les prévisions nous donnent 4 jours sans vent !La mort d'en l'âme, on prend la décision de mettre le moteur la nuit 10 h environ) et d'essayer d'avancer sous spi dans la journée. De toute façon, nous n'avons pas assez de gazole pour passer ces 4 jours au moteur.
le WCC nous informe que, contrairement à ce qui était prévu, "l'Honorable" ministre de Ste Lucie exige désormais test et confinement de 2 jours minimum à l'arrivée.
Notre destination finale étant Antigua, et compte tenu des engagements de certains équipiers, on décide de changer de destination et de nous rendre directement à Antigua.
La mort dans l'âme (encore), on informe Andrew Bischop de notre décision de ne pas passer la ligne d'arrivée à sainte Lucie.
Le 9 décembre, en milieu de journée nous entrons dans la baie de ST John's à Antigua
Arrivé au fond du port : surprise : personne !!! Jour de congé.
On passe la nuit dans une baie voisine avant de nous présenter à 9h à la douane (après passage devant l'infirmière)
Bien qu'étant le deuxième dans la queue, Marc en sortira à 13 h.
La température de chacun sera vérifiée, mais les tests PCR d'avant départ et le voyage sans escale ont été validés comme étant suffisant pour nous autoriser l'accès à Antigua.